JEAN RACINE VADEMECUM POUR CHAGRIN D’AMOUR

 

{Bérénice)

 

Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous

Que le jour commence, et que le jour finisse

Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice

Sans que de tout le jour je puisse voir Titus?

Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus!

L'ingrat, de mon départ consolé par avance

Daignera-t-il compter les jours de mon absence?

Ces jours si long pour moi lui sembleront trop courts.

 

-Ah, Seigneur, s'il est vrai, pourquoi nous séparer?

...

Pourquoi m'enviez vous l'air que vous respirez?

Dites, parlez

-Hélas, que vous me déchirez!

-Vous êtes Empereur, Seigneur, et vous pleurez

 

 

 

{BRITANICUS}

 

Je vous entends, Madame

Vous voulez que ma fuite assure vos désirs

Que je laisse un champ libre à vos nouveaux soupirs

Sans doute, en me voyant, quelque pudeur secrète

Ne vous laisse goûter qu'une joie inquiète

......

Quelle nouvelle crainte

Tient parmi vos transports votre joie en contrainte?

D'ou vient, qu'en m'écoutant, vos yeux, vos tristes yeux

Avec de longs regards se tournent vers les cieux?

Qu'est ce que vous craignez?

...................

Et depuis quand, Madame, étes vous si craintive

Quoi? déjà votre amour souffre qu'on le captive?

...............

Ce discours me surprend, il le faut avouer

Je ne vous cherchais pas pour l'entendre louer

Quoi? Pour vous confier la douleur qui m'accable

A peine je dérobe un moment favorable

Et ce moment si cher, Madame, est consumé

A louer l'ennemi dont je suis opprimé?

Qui vous rend vous même, en un jour, si contraire?

Quoi? Même vos regards ont appris à se taire?

Que vois-je? Vous craignez de rencontrer mes yeux

Néron vous plairait-il? Vous serais-je odieux?

Oh! Si je le croyais... Au nom des Dieux, Madame

Eclaircissez le trouble où vous jetez mon ƒme

Parlez. Ne suis-je plus dans votre souvenir?

 

 

 

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