Paris le 1er Avril 1910
Cher Monsieur,
je réponds de
suite à votre aimable lettre, afin de vous expliquer le motif pour lequel se
trouve ledit canapé en question. Cette femme
endormie sur ce canapé rêve qu'elle est transportée dans cette forêt,
entendant les sons de l'instrument du charmeur. Ceci donne le motif pour lequel
ce canapé est dans le tableau. Je vous remercie de votre bonne appréciation, et si j'ai conservé ma
naïveté, c'est parce que Monsieur Gérome, qui était professeur à l'école des
Beaux-Arts, ainsi que Monsieur Clément, Directeur des Beaux-Arts de Lyon, m'ont
toujours dit de la conserver. Vous ne trouverez plus cela étonnant à l'avenir.
Et l'on m'a déjà dit que je n'étais pas
de notre siècle. Je ne pourrai maintenant changer ma manière que j'ai acquise
par un travail opiniâtre, vous devez le
penser.
Je termine mon petit mot en vous remerciant
d'avance pour moi, et vous prie d'agréer mes meilleurs sentiments à votre
égard, ainsi qu'une bonne et cordiale poignée de mains.
Henri Rousseau.
2 bis, rue Perrel (14°)
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Une des dernières lettres du "douanier" Rousseau, en
réponse à un
critique qui s'étonnait de la présence, au milieu de la jungle
tropicale, d'un canapé rouge. (tableau: le Rêve).
Ce n'est pas un poisson d'Avril, en dépit de la date.
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